Comment annoncer aux enfants une séparation ?

En 2012, j’ai écrit « Je me suis fait larguer ». C’était à l’origine un programme quotidien que l’on recevait par mail, et c’est ensuite devenu un livre édité par Eyrolles. Lors de la promotion de ce livre, j’ai produit beaucoup de contenu pour positionner ce site sur les thématiques de la rupture amoureuse. Il reste quelques exemplaires du bouquin à la vente, mais je ne vends plus le programme. 
Le contenu ci-dessous date de cette époque et génère encore un peu de trafic sur ce site.

Bonjour Basile
Ma femme et moi sommes en train de nous séparer. Nous ne l’avons pas encore annoncé à nos trois enfants en bas âge.
Ma question est : Comment annoncer aux enfants une séparation ?
La question est assez générale mais concerne beaucoup de personnes et j’aimerais savoir ce que tu en penses.
Merci d’avance
Vincent.
PS : Ton livre et ses mails quotidiens m’a beaucoup aidé ! Merci !
Cher Vincent,
Tout d’abord, rappelons quelques clichés : Les enfants étant des vrais éponges à sentiments, il est très probable qu’ils aient « ressenti » la situation, même si celle-ci n’a pas été verbalisé. Inutile d’attendre.
Je crois comprendre par ta phrase « nous ne l’avons pas encore… » qu’un nous existe toujours.
Ce nous, c’est le couple parental. Le couple parental doit annoncer la fin du couple conjugal. Dans la plupart des cas (et, souhaitons-le, dans le tiens) les parents sont tous les deux conscients de l’importance d’avoir une démarche conjointe à l’attention des enfants. Ca n’est pas forcément facile ni agréable, mais l’intérêt supérieur des enfants prime.
Ainsi, si tes enfants ont perçu quelque chose de la situation, mais que cette « situation » n’est pas encore éclaircie, ils risquent de la percevoir comme une turbulence, une perturbation. Et les enfants sont plus rassurés par les habitudes que par l’inconnu.
Autre cliché, la résilience des enfants est spectaculaire. Mais ça n’est pas une raison pour leur demander d’en faire la démonstration. Autant leur mâcher le travail.
Votre couple parental, donc, a pour devoir de :
  • Clarifier la situation.
  • Rassurer les enfants.
  • Expliquer ce qu’il va se passer et s’y tenir.

Ce qui est à la portée des enfants doit être dit : « Papa et maman s’aimaient, tellement fort qu’ils ont fait des enfants. Et papa et maman aiment aussi fort les enfants. Papa et maman ne s’aiment plus, mais papa et maman aiment toujours autant (très fort) les enfants. Et ça ne changera jamais ». Paradoxalement, les enfants (les miens, en tout cas) s’en contentent et c’est presque vexant de les voir accepter une telle explication sans sourciller plus que ça.

Curieusement, même s’ils ne le réclament pas spontanément de peur de gêner, ils (les miens) sont très friands d’entendre l’explication de « pourquoi on habite plus tous ensemble », encore aujourd’hui.  Le fait que la version ne change pas, que l’explication soit toujours la même, les rassure surement, quelque part. J’en viens parfois à me dire que, dans la mythologie familiale, cette explication prendra la place du traditionnel « comment papa a rencontré maman ?« .
Le fait d’expliquer sans pathos ni digression excessive, que c’est une histoire d’adulte, que c’est comme ça, mais que ça n’enlève rien à l’amour des parents pour les enfants, offre un socle stable aux enfants. Ils peuvent ainsi comprendre ils habitent parfois avec papa, parfois avec maman, sans essayer de comprendre, déduire ou imaginer ce qu’on leur cache. Malheureusement, lorsqu’on laisse trop de place à l’imaginaire enfantin dans ces situations, ils en concluent que c’est de leur faute.
Mieux vaut l’expliquer à un enfant qui n’en doute pas que laisser un enfant qui doute dans l’expectative. Ce qui va sans dire va mieux en le disant, parait-il.

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